Un traitement par ASO à l’essai pour une forme génétique et agressive de la SLA

Par  Sophie Lorenzo
2 novembre, 2021

L’URC est le seul site au Canada pour cet essai clinique sur la SLA-FUS

 

La sclérose latérale amyotrophique ou SLA est un diagnostic bouleversant. Il existe très peu de traitements pour ralentir la perte des motoneurones qui contrôlent la marche, la parole, l’alimentation et la respiration, confinant ainsi des esprits toujours aussi vifs dans des corps de moins en moins réactifs. En moyenne, les gens sont diagnostiqués dans la fleur de l’âge et ont un pronostic de deux à cinq ans.

Il est difficile d’imaginer une pire situation, sauf peut-être de recevoir le même diagnostic à l’adolescence. Selon une fiche d’information sur la génétique préparée par la Société canadienne de la SLA, environ 5 % des personnes atteintes de la SLA familiale et 1 % de celles atteintes de la SLA sporadique ont des mutations dans le gène fusionné dans les cas de sarcome (FUS). Une revue d’avril 2020 de la littérature scientifique publiée dans le Journal of Child Neurology a confirmé que cette forme particulièrement agressive de la SLA est la mutation la plus fréquente dans la SLA juvénile et pédiatrique, et représente également 60% des personnes qui développent la SLA avant l’âge de 40 ans.

« Il s’agit d’une forme très rare mais dévastatrice de SLA génétique. C’est le diagnostic qui touche le plus de jeunes patients atteints de la SLA, et qui progresse très rapidement », explique la Dre Angela Genge, neurologue et directrice exécutive du Centre d’excellence en recherche et soins aux patients SLA du Neuro (Institut neurologique de Montréal- Hôpital).

« Dans les 18 mois suivant l’apparition des symptômes, ces jeunes patients ont souvent besoin d’une assistance ventilatoire, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas survivre sans ventilateur. Je me souviens d’une jeune patiente ; elle était la première personne de sa famille à aller à l’université », raconte la Dre Genge. « Elle est passée d’une jeune femme en bonne santé avec toute sa vie devant elle à être soignée par ses parents à la maison sous respirateur pendant une décennie. »

La protéine coupée dans son élan

Il n’existe actuellement aucun traitement pour ralentir la progression de cette forme brutale de la maladie, mais une équipe de l’Unité de recherche clinique du Neuro (Institut-Hôpital neurologique de Montréal) mené par la Dre Genge travaille à changer cela. Le Neuro est le seul site au Canada à participer à un nouvel essai clinique de phase I-III étudiant une thérapie oligonucléotidique antisens (ASO) pour cette forme génétique de la SLA.

« Les traitements ASO sont une nouvelle classe de médicaments et ils sont extrêmement prometteurs. Il a été démontré qu’ils sauvent les nourrissons atteints d’amyotrophie spinale (SMA). Ce type de thérapie a fait passer la SMA d’une maladie mortelle à une maladie chronique. Nous espérons faire de même pour la SLA-FUS », explique le Dr Genge.

« Nous sommes le seul site au Canada et l’un des 16 dans le monde avec cet essai. Nous sommes idéalement placés pour travailler avec des patients en anglais et en français. Le commanditaire de cette étude soutient les voyages en provenance d’autres pays, et nous espérons que les patients nous contacteront. »

Sous la direction de la Dre Genge, l’URC s’est développé au cours des 10 dernières années, passant d’une poignée d’essais sur la SLA à plus de 15 essais cette année sur la SLA et à plus de 110 essais par an dans 11 domaines de la neurologie. Cela fait de l’URC l’un des centres ayant le plus d’essais sur la SLA au Canada.

Faciliter le dépistage génétique au Canada

L’équipe dirige également d’importantes initiatives dans le domaine de la SLA, notamment une stratégie pancanadienne visant à améliorer l’accès au dépistage génétique pour tous les patients atteints de la SLA.

« Nous avons remarqué en parlant à nos patients que même si nous proposons des tests génétiques à tous les patients nouvellement diagnostiqués avec la SLA, l’accès au conseil et au dépistage génétiques dans d’autres provinces n’est pas aussi évident », explique Kristiana Salmon, responsable des programmes nationaux de génétique de la SLA à l’URC. « C’est ce qui nous a incités à diriger un effort canadien, en collaboration avec des cliniciens et des spécialistes en génétique à travers le Canada, pour améliorer l’accès au dépistage pour les personnes vivant avec la SLA. »

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles des antécédents familiaux ne sont pas repérés, notamment des familles avec moins d’enfants et un âge d’apparition plus précoce pour certaines formes de la maladie, ce qui pourrait entraîner un diagnostic erroné. « Si vous ne testez pas toutes les personnes atteintes de la SLA, vous n’identifierez pas tous les patients avec des sous-types rares qui ont maintenant des traitements en cours de développement », dit-elle.

Plus important encore, la recherche sur les sous-types génétiques de la SLA alimente une compréhension du spectre clinique plus large de la SLA. « Plus nous pourrons comprendre les formes génétiques et comment les traiter efficacement, plus nous pourrons appliquer ces connaissances au spectre de la maladie dans son ensemble, y compris dans les cas où nous n’avons pas une idée claire de la cause », conclut Mme Salmon.

Pour tous les essais en cours à l’URC, visitez cru.mcgill.ca.

Pour en savoir plus sur l’essai pour la SLA-FUS, contactez l’Équipe de la SLA ou consultez la liste des essais en cours.