Les avancées dans les traitements pour la SP que tout patient devrait connaître

De nouveaux essais cliniques visent à améliorer la façon dont nous mesurons la progression de la SP et dont nous gérons les symptômes difficiles
29 mai 2025
par Sophie Lorenzo
« En tant que médecins, nous disposons aujourd’hui d’une gamme de traitements très efficaces pour contrôler la biologie précoce de la maladie et pour arrêter les rechutes », explique Adil Harroud, MD, neurologue, chercheur spécialisé dans la sclérose en plaques (SP), et l’un des chercheurs principaux pour les essais cliniques sur la SP au Neuro (Institut-hôpital neurologique de Montréal). « La majorité des patients diagnostiqués aujourd’hui vivront sans nouvelles attaques ou nouvelles lésions sur leur cerveau ou leur moelle épinière. C’est très différent de l’expérience d’un patient il y a seulement dix ans ».
Grâce au double mandat unique du Neuro, à la fois institut de recherche et hôpital, des cliniciens-chercheurs comme Dr Harroud portent deux chapeaux : ils voient les patients en clinique, tout en menant des recherches fondamentales avec leur équipe en laboratoire et en veillant à ce que les développements les plus prometteurs de la recherche soient accessibles aux patients dans le cadre d’essais cliniques.
Le Neuro dispose de la plus ancienne clinique consacrée à la sclérose en plaques du Canada. En 1986, le Dr Gordon Francis a mené les premiers essais cliniques au Neuro afin que ses patients atteints de SP puissent avoir accès à de thérapies prometteuses. Ces essais ont débouché sur les premiers médicaments cliniquement approuvés pour la SP, améliorant ainsi la vie de personnes qui étaient auparavant confrontées à une progression débilitante de la maladie.
L’unité de recherche clinique du Neuro mène aujourd’hui 100 essais par an dans tous les domaines de la neurologie, y compris les essais les plus prometteurs pour la sclérose en plaques.
Garder la progression à l’œil
L’avènement de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) a transformé le traitement de la SP. En permettant aux médecins de visualiser le cerveau et la moelle épinière, et en révélant les zones endommagées, les IRM peuvent confirmer un diagnostic de SP, suivre la progression de la maladie et évaluer l’efficacité des traitements.
« Cela dit, les IRM ont leurs limites. Certains patients peuvent nous dire que leur mémoire ou leur démarche se détériore, alors que nous ne voyons aucun changement sur l’imagerie médicale. Nous avons besoin de nouveaux outils pour surveiller la progression de la maladie avec plus de précision », poursuit Dr Harroud.
C’est dans ce but qu’un essai lancé à l’Unité de recherche clinique du Neuro (Neuro CRU) évaluera si une technologie de suivi oculaire approuvée peut suivre l’évolution de la SP en mesurant des changements dans les mouvements oculaires à l’aide d’une application spéciale sur un iPad. En cas de succès, ce simple examen pourrait être utilisé en clinique ou même à domicile pour fournir une évaluation complémentaire des changements dans la santé du cerveau. Les médecins pourraient ainsi suivre les patients de plus près et optimiser les soins de manière plus efficace, en changeant de traitement si nécessaire.
Gérer les symptômes difficiles
Les personnes atteintes de SP présentent également une série de symptômes qui doivent être traités en parallèle. « Une manifestation particulièrement gênante de la SP est la spasticité – c’est-à-dire, de la raideur musculaire et des spasmes involontaires. Elle empêche souvent les personnes concernées de se déplacer ou de marcher et peut même être douloureuse. Elle peut également être très difficile à traiter », a déclaré Dr Harroud.
Un nouvel essai clinique au Neuro CRU étudiera si un médicament qui exploite les neurotransmetteurs naturellement présents dans le corps pourrait aider à gérer la spasticité.
Ces neurotransmetteurs interagissent avec les récepteurs cannabinoïdes dans le cerveau, tout comme les composés présents dans le cannabis, et jouent un rôle dans le contrôle de la douleur et la relaxation. Les chercheurs espèrent que cette thérapie potentielle puisse être un nouvel outil dans notre arsenal pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de SP.
Ce qui se profile à l’horizon
Un nouvel axe de recherche espère transformer l’évolution de la sclérose en plaques. L’accent est mis de plus en plus sur l’identification précoce de la SP, potentiellement avant l’apparition des premiers symptômes. De nouvelles recherches visent à identifier les éléments qui contribuent au risque de développer la SP et à définir de nouveaux biomarqueurs (changements mesurables) qui nous permettent d’identifier la maladie à un stade très précoce.
« Comme pour la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer, nous savons aujourd’hui que la sclérose en plaques peut être détectée des années avant l’apparition des symptômes. Ce qui distingue la sclérose en plaques, c’est que nous disposons déjà de traitements qui pourraient être utiles si nous intervenions à un stade précoce. En identifiant les personnes à risque et en les traitant à un stade précoce, nous pourrions être en mesure de retarder l’apparition de la maladie, voire de la prévenir complètement. Ce serait une véritable révolution pour les personnes qui, autrement, développeraient la SP – c’est une développement que nous n’aurions même pas pu envisager il y a quelques années », conclut Dr Harroud.
Pour plus d’informations, veuillez contacter l’équipe de la SP de l’Unité de recherche clinique au Neuro : ms-cru.neuro@mcgill.ca; (514) 398-5500; cru.mcgill.ca/fr/sp.
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