Essai clinique pour le stade précoce de la maladie d’Alzheimer

par Sophie Lorenzo
 28 janvier 2022

La Société Alzheimer du Canada estime qu’il y a un demi-million de personnes de plus de 65 ans atteintes de démence aujourd’hui, et que ce nombre devrait presque doubler au cours de la prochaine décennie. La démence est un terme générique désignant un ensemble de troubles, y compris la maladie d’Alzheimer, qui altèrent les fonctions cérébrales. Les symptômes comprennent un déclin de la mémoire, du langage et du jugement; des défis physiques avec l’équilibre et le mouvement; ainsi que des changements d’humeur et de comportement. Ce sont des troubles chroniques qui s’aggravent avec le temps.

L’URC du Neuro est le seul site au Québec à participer à un essai international majeur testant un nouveau médicament qui espère ralentir le déclin cognitif chez les participants déjà atteints de la maladie d’Alzheimer au stade précoce. Cet essai de phase II testera l’innocuité d’un nouveau médicament potentiel ainsi que ses effets sur l’accumulation de la protéine tau dans le cerveau.

«Il existe deux anomalies majeures entraînant des symptômes dans la maladie d’Alzheimer. Il y a des plaques de bêta-amyloïde et il y a des enchevêtrements neurofibrillaires causés par une accumulation d’une protéine appelée tau qui s’accumule à l’intérieur des neurones », explique le Dr Simon Ducharme, neuropsychiatre et directeur de la Division de gérontopsychiatrie de l’Université McGill, qui est le principal chercheur de l’essai clinique AuTonomy au Neuro.

La protéine tau dans la mire

« Ce qui est intéressant à propos de la protéine tau est qu’elle s’accumule dans les endroits du cerveau liés aux symptômes, par exemple le centre de la mémoire autour de l’hippocampe, tandis que les plaques de bêta-amyloïde sont plus dispersées. Il y a donc un lien très important entre ces accumulations et les symptômes réels de la démence. Pourtant, l’approche de cibler la protéine tau a été beaucoup moins explorée en termes d’essais cliniques testant de nouveaux traitements », explique le Dr Ducharme.

À ce jour, la grande majorité des études testant de nouveaux médicaments pour traiter la maladie d’Alzheimer se sont concentrées sur la bêta-amyloïde et elles n’ont en grande partie pas réussi à ralentir la maladie. Un médicament récemment approuvé a montré un léger ralentissement de la progression, mais les patients ont continué à se détériorer malgré le traitement. « Nous espérons qu’en ciblant la protéine tau, cette étude débouchera sur une thérapie modificatrice de la maladie, qui pourra stabiliser ou ralentir la progression de la maladie », explique le Dr Ducharme.

L’étude AuTonomy s’adresse aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce ou de trouble cognitif légèr présentant des signes de tau cérébral élevé. À cette étape, les patients ont des changements biologiques dans leur cerveau et peuvent éprouver des pertes de mémoire, des difficultés à chercher des mots et des troubles de l’orientation. « À ce stade, on peut voir sur les tests biologiques que ces problèmes sont causés par la maladie d’Alzheimer au niveau du cerveau, mais ces individus demeurent relativement indépendants », explique le Dr Ducharme.

 Intervention précoce

Le médicament expérimental testé dans l’étude AuTonomy est innovant ; il teste un mécanisme d’anticorps passif qui se lie à des formes spécifiques de Tau phosphorylé pour faciliter son élimination par le cerveau grâce aux cellules microgliales. En d’autres termes, il a le potentiel de diminuer la propagation de tau dans le cerveau, ce qui pourrait ralentir la progression de la maladie.

« Il y aura probablement un moment où nous pourrons combiner ces différentes approches – bêta-amyloïde et anti-Tau. Nos recherches actuelles construisent vraiment l’arsenal pour ralentir la progression de la maladie. Le but ultime serait de voir une stabilisation de la maladie d’Alzheimer », conclut le Dr Ducharme.

Pour plus d’information sur ces deux essais, contacter l’équipe neurocognitive de l’Unité de recherche clinique du Neuro à info-cru.neuro@mcgill.ca ou visitez cru.mcgill.ca/fr/ad_fr/.

Pour participer à l’essai AuTonomy,  contactez l’Équipe neurocognitive au (514) 548-3507 ou par courriel

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