De nouveaux essais cliniques espèrent mettre les tremblements essentiels en pause

Le tout premier essai clinique au Neuro pour un trouble du mouvement courant cherche à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes

Par Sophie Lorenzo
10 août, 2022

Vous n’avez probablement jamais entendu parler du trouble du mouvement qui est en fait le plus courant. Le tremblement essentiel provoque un tremblement rythmique involontaire qui est déclenché par le mouvement. Il affecte généralement les mains, mais peut également se produire dans la tête, la voix, les jambes ou le tronc. C’est une maladie à progression lente, qui s’aggrave avec le temps. Selon l’Institut national des troubles neurologiques et des accidents vasculaires cérébraux aux États-Unis, elle est huit fois plus répandue que la maladie de Parkinson.

La Fondation international sur le tremblement essentiel (IETF) note que ce trouble neurologique affecte près de 5 % des personnes entre 40 et 60 ans, et près de 9 % de celles de plus de 60 ans. L’âge médian au moment du diagnostic est de 45 ans, mais la maladie peut commencer à tout moment, y compris dans l’enfance. La cause de cette maladie neurologique est encore inconnue, mais on pense qu’elle implique le cervelet, une zone qui contrôle la coordination.

Pour la première fois, l’Unité de recherche clinique du Neuro (Institut-hôpital neurologique de Montréal) mène des essais cliniques pour étudier des traitements potentiels qui pourraient aider à gérer les symptômes et à offrir une meilleure qualité de vie aux personnes atteintes.

Gérer la frustration

Bien avant qu’il ne devienne invalidant, le tremblement essentiel peut avoir un impact sur la qualité de vie d’un individu. Les tremblements commencent lorsque la personne essaie d’effectuer des activités de la vie quotidienne.

« Ce n’est jamais complètement incapacitant. La plupart du temps, les gens restent indépendants, mais cela peut rendre les activités quotidiennes frustrantes et difficiles, en particulier celles qui nécessitent une dextérité fine, comme écrire, boire et se toiletter », explique Ronald Postuma, MD, neurologue spécialisé dans les troubles du mouvement au Neuro et le chercheur principal du nouvel essai.

La gravité des tremblements peut varier en fonction de l’activité et s’aggrave souvent en raison du stress et de la fatigue. Selon l’IETF, certaines personnes atteintes de la maladie peuvent devenir trop gênées pour sortir en public et, à mesure que leur maladie progresse, peuvent devenir incapables d’effectuer elles-mêmes ces tâches de base.

Bloquer l’accès

Des développements thérapeutiques sont attendus depuis longtemps pour cette maladie évolutive. Selon l’IETF, il existe peu de médicaments sur ordonnance qui s’avèrent efficaces pour traiter le tremblement essentiel. En fait, on estime que moins de 60 % des patients sont aidés par les médicaments disponibles.

Dr Ronald Postuma

Vous n’avez probablement jamais entendu parler du

« Nous avons des traitements qui peuvent atténuer l’intensité du tremblement, mais ils sont vraiment très incomplets et de nombreuses personnes restent frustrées par leur état », poursuit le Dr Postuma.

Bien que les causes de la maladie soient inconnues, un nouveau mécanisme à l’étude pourrait offrir de l’espoir.

« Il existe de nombreux canaux calciques dans le cerveau et il a été démontré que la modulation de ces canaux a un impact sur l’activité neurologique. Des tests sur des modèles animaux ont suggéré que cette avenue pourrait être très utile pour gérer les tremblements. Il s’agit d’un nouveau mécanisme qui n’a jamais été essayé auparavant dans des essais cliniques », explique le Dr Postuma.

Plusieurs essais sur le tremblement essentiel débuteront à l’Unité de recherche clinique du Neuro (URC) cet automne pour étudier de nouvelles thérapies. Les personnes vivant avec un tremblement essentiel et dont les symptômes ne sont pas actuellement bien gérés par leur thérapie peuvent être considérées pour participer.

« L’espoir est que ces traitements expérimentaux réduiront l’intensité des tremblements, les rendant moins graves, et offrant une meilleure qualité de vie aux personnes aux prises avec cette condition », conclut le Dr Postuma.

Pour en savoir plus sur les essais en cours, contactez l’équipe des troubles du mouvement à l’URC à info-cru.neuro@mcgill.ca ou visitez cru.mcgill.ca/fr/troublesmouvement.